Dédicacer sur un capot de voiture

Dédicacer sur le capot d’une voiture, vous pensez que c’est impossible ? Vous visualisez la scène ? Non ? Attendez, je vais vous raconter.

Depuis des années, ma pharmacienne et sa collègue adorent mes livres. Elles ont tout lu, je pense, et quand je lance un nouveau roman, elles me demandent si je peux le leur apporter directement à la boutique. Pas de souci : j’enfile ma casquette spéciale livraison et je fonce avec mes livres dans le coffre pour les rejoindre.
La seule chose que je n’avais pas envisagée, c’est que les clients présents aussi voudraient leur exemplaire dédicacé. Heureusement, j’en avais un carton plein dans mon coffre !

Un peu crevée, je charge ma voiture après 8 heures passées à sourire et à dédicacer mes romans dans le Cultura, là, juste derrière moi. J’en ai mal aux zygomatiques, mais j’ai le cœur plein de bonheur d’avoir rencontré tous mes lecteurs. Tous ? Non, car il reste deux irréductibles gaulois qui m’interpellent pour avoir mes livres.
Heureusement, le coffre est toujours ouvert et le stylo encore chaud ! Me voici en train de signer des livres… sur le capot de ma voiture ! 😆

Tranquille peinarde derrière mon écran, je surfe sur Instagram, toujours aussi admirative des merveilles que certains d’entre vous y publient. D’ailleurs, je suis taguée sur des photos-montages concernant “Le tueur sans nom“. Encore une lectrice satisfaite, ça fait chaud au cœur. Je lis les commentaires qui s’affichent sous son post et je découvre l’une de ses abonnées demander s’il existe une version papier.
Ni une, ni deux : je me présente et lui propose de me faire un petit mail pour le commander avec une dédicace. C’est ça aussi la magie de l’auto-édition ! 😉

J’ai connu pas mal d’auteurs jamais satisfaits de leur sort lors des salons que j’ai fréquentés :
– Ceux qui tapotent nerveusement leur livre, sans sourire
– Ceux qui attendent le lecteur, bras croisés, calé au fond de leur siège
– Ceux qui râlent dès le matin qu’il n’y a pas assez de visiteurs
– Ceux qui râlent le midi parce que le buffet froid OFFERT n’est pas très varié
– Ceux qui râlent en partant parce que le soleil n’était pas au rendez-vous
Bref, vous l’aurez compris : les auteurs ne sont pas des personnes faciles à vivre ! Heureusement, ce n’est pas une généralité. Re-heureusement (!), je sais toujours trouver du positif dans toutes les situations. 😀

En tant qu’auteure indépendante, j’estime avoir la chance de vivre de ma passion, de rencontrer régulièrement de nouvelles et souvent belles personnes, et d’être parfois aimée à travers mes textes. Comme tout artiste, je n’existerais pas sans mon public. Comme tout artiste, je me dois d’apporter à ce public le meilleur de moi-même.
Alors oui, parfois, j’ai envie de croiser les bras et de rester au fond de mon siège à grelotter de froid. Mais très vite, je pense à tous ceux qui font un travail alimentaire, un travail difficile, un travail qu’ils n’ont pas choisi.

Et soudain, je suis prête à saisir toutes les opportunités pour conserver cette qualité de vie que j’ai chèrement acquise. Alors non, je ne m’offusquerai de dédicacer ni à côté du pôle charcuterie chez Auchan ; ni dans la rue, alors que le groupe Bachibousouk nous livre un extrait de sa future prestation (si vous passez par là, les gars : vous nous manquez !) ; ni collée au stand des olives marinées qui embaument tout l’espace.

Parce que l’important, pour moi, c’est d’apporter de la joie à mes lecteurs, de les faire sourire (d’ailleurs vous avez souri non ?), de leur offrir ces petits moments de bonheur, inédits, précieux même sur un capot de voiture.