Comment fixer le prix de son livre ? (partie 2 : le livre papier)

Trouver le juste prix pour son livre papier est souvent un casse-tête pour les jeunes auteurs. Voici une démarche simple pour vous y retrouver.

– J’ai tout compris !
Je jette un œil à la jeune autrice qui m’accompagne pour déjeuner en me demandant de quoi elle parle… Elle surprend mon regard et enchaîne.
– Ton dernier billet sur le calcul du prix du livre était top. Du coup, mon broché, je vais le mettre à 6,99€.
Je manque de m’étouffer avec mon pilon de poulet et dois commencer par avaler un verre d’eau avant de lui répondre.
– Mais on ne calcule pas le prix d’un livre imprimé comme celui d’un ebook ! dis-je en m’emparant d’un stylo et d’une feuille pour tout lui expliquer.

Les coûts liés au format
Certains de ces coûts seront sensiblement les mêmes, mais méfiance tout de même ! Le montage de la maquette intérieure d’un roman vous reviendra sensiblement au même prix si vous n’avez pas d’exigences particulières (dessin sur toutes les pages, séparateurs de scènes spécifiques etc…). C’est un travail que beaucoup d’auteurs apprennent à faire avec le temps car il ne demande pas de qualités graphiques particulières, simplement du temps et de la concentration.
Le prix pour votre maquette extérieure peut, lui, un peu augmenter. En effet, entre faire une première de couverture pour un livre numérique et un aplat complet (1ère de couverture, tranche, 4ème de couverture) pour un livre broché, le temps passé par le graphiste n’est clairement pas le même. Beaucoup de ces créateurs vous proposent de faire l’aplat pour votre broché duquel il extrait la première de couverture pour la version numérique. C’est la solution souvent la moins onéreuse et celle qui vous permet de publier sur tous les supports.
Si vous cherchez un bon graphiste pour votre couverture, je vous suggère d’aller jeter un œil au travail de TN Design.
Le vrai souci, c’est que cette fois-ci, vous ne pourrez pas faire lire votre œuvre sans investir d’abord dans son impression. C’est là que le bât blesse. On trouve un peu tous les prix dans ce domaine, surtout si vous vous aventurez vers les pays de l’Est qui proposent des tarifs très compétitifs. Pour ma part, j’ai toujours choisi de travailler avec un imprimeur français de confiance, Copy Média, dont la commerciale a toujours su guider mes choix de façon éclairée. Type de papier, format, finition : il y aura beaucoup de paramètres à prendre en compte pour l’impression d’un broché. Mais dans l’ensemble, estimez que pour un petit tirage d’une centaine d’exemplaires, il vous faudra débourser en moyenne 5 euros par livre. Évidemment, dès que vous augmentez le tirage, le prix chute drastiquement ! À vos calculettes pour tenter d’estimer le stock qu’il vous faut !

Les coûts à anticiper
Votre livre une fois imprimé, les frais ne s’arrêtent malheureusement pas là. Certains coûts pourront être inclus dans le prix de votre livre.
Il en va ainsi des envois postaux. Savez-vous que l’envoi d’un livre tourne autour de 6 euros par la Poste ? Non, ne vous arrachez pas les cheveux, cela n’y changera rien. Pour ma part, je passe désormais par Mondial Relay qui me permet de faire mes envois aux alentours de 4 euros. Mais la vraie question à vous poser est : qui va payer ces frais de port ? Allez-vous les demander intégralement à vos lecteurs ? En payer la moitié avec eux ? Les inclure tout ou partie dans le prix de votre livre pour les offrir ou, tout du moins, ne pas avoir à les gérer ? Quoiqu’il en soit, si on part sur un livre à 5 euros, vous voyez tout de suite que son coût avoisine désormais les 10 euros…
Et ce n’est pas fini ! Car comme tout auteur, vous aurez envie d’aller dédicacer votre ouvrage dans des librairies accueillantes. Librairies qui vous demanderont entre 30 et 35% du prix de votre livre en échange de votre présence entre leurs murs. Ah ? Vous pensiez que les auteurs étaient payés pour dédicacer ? Perdu…
Il reste aussi à vous poser la question du choix d’un potentiel distributeur pour votre livre. Une entreprise qui a pignon sur rue et est capable d’inclure votre livre dans le catalogue de tous ceux qu’elle propose à tous les libraires. Je ne me sers pas de ce service, même si j’y réfléchis car je sais que de nouvelles pratiques se mettent en place, mais aux dernières nouvelles, ces entreprises pouvaient demander jusqu’à 70% du prix du livre pour le rendre disponible et le livrer à ceux qui le commandaient. Certes, dans ce cas, pas de frais de port à calculer, mais vous voyez que la facture devient salée tout de même…
Il reste deux coûts que vous n’avez pas encore estimés : l’achat de vos goodies et les charges sociales. Si le premier est plutôt fun, il n’en est pas moins prise de tête pour autant. Car l’achat des goodies ne peut se faire que si vous tirez suffisamment de revenus de vos ventes. Alors, évidemment, pour votre premier livre, vous allez peut-être avancer un peu d’argent pour cela. Mais limitez-vous dans vos achats : du temps où l’écriture de mes romans n’était pas encore un job à part entière pour moi, je considérais que cela ne devait pas me coûter d’argent (à défaut de m’en rapporter). Si votre livre est sorti en numérique et vous a rapporté un petit pécule, investissez-le dans des goodies. Sinon, allez au minimum : le marque-page. Certains imprimeurs vous les offriront avec la commande de votre centaine d’exemplaires, mais il faudra leur fournir le PDF, et donc demander à votre graphiste de vous le faire (et un petit coût supplémentaire !).
Quant aux charges sociales, il ne faut pas y aller par 4 chemins : sur vos ventes de livres papier, l’état vous prendra au minimum 14% dessus, sans compter les impôts. Il faut donc ajouter ces frais à votre prix du livre.

Alors, combien ça coûte un livre ?
Petit calcul très approximatif pour une impression de 100 exemplaires d’environ 300 pages…
Impression de votre livre : 5 euros
Maquettage (extérieur + marque-pages en imaginant que vous maquettez l’intérieur) : 2 euros
Frais de port : 4,50 euros (oui, j’arrondis !)
Pourcentage librairie : 30% soit… 1,20 euros minimum (et comme c’est un pourcentage, cela augmentera avec le prix final du livre !)
Et vous ? Combien voulez-vous toucher par livre ? Dans l’édition classique, un auteur touche en moyenne 1 euros par livre. Mais avouez qu’en tant qu’indépendant, on a envie de vivre de notre job, non ? Du coup, en-dessous de 3 euros, c’est un peu limite (surtout qu’imaginez bien qu’en tant qu’indé, ce sera déjà un exploit de vendre plus de 500 exemplaires de votre livre sur une année !)
Bref, on en est à combien ? 5 + 2 + 4,50 + 3 + 30% libraire… : au moins 17 euros !
Là, vous me direz peut-être : oui, mais pourquoi compter des frais de port ET le pourcentage libraire ? Car si vous dédicacez chez le libraire, pas de frais de port. Certes. Mais quand un libraire vous demande de lui envoyer votre livre pour l’un de ses clients, il se passe quoi, à votre avis ? Au mieux, il partage les frais de port avec vous (mais ne rêvez pas trop !) et dans la plupart des cas, vous payez les frais de port et ses 30%.
Alors, bien sûr, selon le nombre d’exemplaires que vous allez tirer, selon l’imprimeur que vous avez choisi, selon le tarif de votre graphiste (si vous en prenez un !), bref selon le sens de rotation de la queue de la vache, vous comprendrez que ceci n’est qu’un exemple de calcul de coût du livre. Ce sera à vous, le moment venu, de chiffrer avec exactitude le prix de vente de votre produit. Cet exemple n’est là que pour vous donner des pistes de réflexion et vous aider à ne rien omettre.
Je me dis aussi que cet article va peut-être faire réfléchir certains lecteurs qui m’ont déjà dit qu’un livre broché ne devrait pas dépasser les 10 euros… Qu’en pensez-vous maintenant ?

Et Amazon ?
Alors là, cela va être une grande découverte pour moi dans les semaines à venir, mais il me semble qu’Amazon puisse, une nouvelle fois, être une belle opportunité pour les indépendants. En effet, le géant nous reverserait quelque chose comme 30% du prix du livre broché… Sur un livre à 17 euros, il resterait donc 5,10 euros à l’auteur, sans autre frais (à l’exception de vos charges sociales !) puisque le géant américain se charge de l’envoi au lecteur. Cela fait une sacrée différence ! Cependant, je ne vous en dirai pas plus sur le sujet, préférant attendre de me faire ma propre expérience avant de vous en parler plus avant.

Rester cohérent
Quoiqu’il en soit, vous devez, comme pour le livre numérique, rester cohérent dans le prix de vos livres. Il est vrai que sur le long terme, c’est parfois difficile. Les livres que j’ai auto-édités il y a plus de 10 ans devraient être vendus un poil plus cher aujourd’hui, mais tant pis.
Il est aussi très important de savoir que le prix d’un livre est défini au départ et ne peut en aucun cas changer en cours de route. Vous ne pouvez pas non plus y appliquer des réductions à votre guise. Seulement deux sont acceptées par la loi :
– 5% de remise si vous êtes aussi libraire (ce qui concerne très peu d’auteurs indépendants)
– 9 % de remise aux bibliothèques et aux écoles / collèges / lycées.
Et c’est tout !
Vous comprenez donc, ici aussi, que la création d’une grille tarifaire, comme vous avez fait pour le livre numérique, est une base incontournable. Vos lecteurs ne comprendraient pas que vous leur vendiez un livre de 300 pages 14 euros alors que vous proposez aussi un 450 pages à 13 euros… Calculez donc avec soin le prix de votre premier livre, n’hésitez pas à aller consulter sur internet le prix des livres qui sont dans la même thématique que la vôtre, établissez une fourchette de prix, et lancez-vous en respectant sur le long terme la grille que vous aurez définie.
Et si jamais vous avez encore des doutes, des peurs, que vous ne vous sentez pas assez sûr de vous, n’hésitez pas à me contacter pour un rendez-vous coaching qui vous permettra d’y voir plus clair.

Être un auteur indé c’est aussi
– Ne pas forcément aligner le prix de son livre sur celui des pointures (restons humbles et surtout à la portée de la bourse des lecteurs qui ne nous connaissent pas)
– Gérer son stock donc ne pas craindre de perdre une partie de sa production dans le désastreux pilonnage mensuel.
– Faire un geste pour la planète car les livres imprimés seront normalement tous vendus (pas de déchets)
– Apprendre à vendre son produit sans avoir l’impression de se vendre : s’entraider avec les autres auteurs, participer à des initiatives qui se mettent en place pour favoriser la découverte des auteurs indépendants par un lectorat de plus en plus enclin à nous ouvrir son cœur.

Une dernière astuce
À présent, vous savez presque tout de comment se calcule le prix d’un livre. Mais laissez-moi vous révéler une autre astuce pour vous aider à le faire imprimer : le crownfunding ! Qu’est-ce que c’est ?
C’est la création d’une cagnotte en ligne qui va vous permettre de financer l’impression de vos livres grâce aux commandes de vos lecteurs. Mais attention, un bon crownfunding ne vous fera pas gagner d’argent : si vos calculs sont bons, vous rentrerez tout juste dans vos frais. Car s’il va vous aider à payer l’impression du livre, il va aussi falloir que vous payiez vos charges sociales sur le montant récolté, mais aussi que vous offriez des contreparties attractives sous la forme de goodies par exemple, à vos lecteurs. Mais c’est une belle façon de les remercier de vous suivre, non ?
Si vous voulez voir un exemple de crownfunding tout en m’aidant à poursuivre ma route d’auteure indé, cliquez sur l’image en-dessous !

Merci à tous ceux qui sont arrivés jusqu’en bas de cet article, et un grand merci à tous ceux qui participent ou vont participer à ma campagne Ulule pour la publication de mon roman “Le prince Alexander” en broché. J’espère que cet article vous aura été utile. N’hésitez pas à le partager sur vos réseaux ! N’hésitez pas non plus à me poser des questions dans les commentaires.

À vendredi prochain pour un prochain billet !
Karine

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